Chapitre 2.1 : Des signes avant-coureurs

2

15 ans

(1977-78)

La maladie se montre

Récemment, j’ai l’impression d’avoir maigri. Je me demande si ce n’est pas dû au fait que j’ai sauté des repas pour faire tous mes devoirs et mes propres recherches pour l’école ? Même quand je prévois de faire quelque chose, je n’arrive pas à le terminer et ça m’énerve. C’est entièrement ma faute mais je n’arrive pas à changer. C’est juste une perte d’énergie. Je veux prendre un peu de poids. J’essaierais de prendre de bonnes résolutions à partir de demain autrement tout mes projets seront voués à l’échec.

Le temps était bruineux. « Je déteste aller à l’école en tenant un parapluie ainsi que mon sac à dos super lourd et un autre sac ». Alors que j’étais en train de penser à ça, mes genoux se sont soudainement relâchés et je suis tombée sur le gravier de la route. J’étais à environ 100 mètres de la maison. Mon menton a heurté violemment le sol. Je l’ai touché délicatement et me suis retrouvée avec les doigts couverts de sang. J’ai ramassé mon sac et mon parapluie qui s’était éparpillé sur la route et suis retourné chez moi.

« As-tu oublié quelque chose ? » Me demanda maman tandis qu’elle apparût à l’entrée. « Tu ferais mieux de te dépêcher ou tu risques d’arriver en retard !...Mais, qu’est ce qui t’es arrivé ? »

Tout ce que je réussis à faire fut de pleurer. J’étais incapable de dire un mot. Maman s’empressa de m’essuyer la figure avec une serviette. Il restait quelques gravillons dans la plaie.

« Il vaudrait mieux voir un docteur» me dit-elle. Rapidement elle m’aida à m’enlever mes vêtements mouillés et appliqua fermement un pansement sur la blessure. Puis on est monté dans la voiture.

J’ai eu deux points de suture sans anesthésie. C’est entièrement dû à ma maladresse, c’est pourquoi j’ai essayé de supporter la douleur en serrant les dents. Mais, plus important, je suis désolé maman – à cause de moi tu dois prendre un jour de congés.

En regardant mon douloureux menton dans la glace, je me demandais pourquoi je n’avais pas mis mes bras en avant pour amortir ma chute. Etait-ce parce que mes réflexes étaient mauvais ? Quoiqu’il en soit, j’étais heureuse que la blessure se trouve sous mon menton. (Si j’avais eu une cicatrice en un endroit plus visible, j’aurais pu dire adieu à un futur mariage).

Mes résultats en éducation physique sont jusqu’ici :

            First grade at junior high – 3

            Second grade – 2

            Third grade – 1

(Ndt: je n’ai pas traduit ces trois dernières lignes car je ne sais pas comment fonctionne ce système)

Quelle déception ! Effort insuffisant ? J’espérais devenir meilleure avec l’entraînement de ces vacances d’été. Mais j’ai échoué. Je ne me suis pas entraîné assez longtemps. C’est pourquoi j’admets que ce n’est pas surprenant. (Bien sûr que ça ne l’est pas ! = la mystérieuse voix de mon autre moi.)

Ce matin, la lumière du soleil et une brise des plus agréable passaient à travers la dentelle jaune des rideaux de la fenêtre de la cuisine. Je pleurais.

« Je me demande pourquoi c’est seulement moi qui aie des réflexes si mauvais ? »

En fait, on a un test d’équilibre aujourd’hui.

« Mais tu es bonne dans d’autres domaines, alors tout va bien, n’est-ce pas ? » me dit maman les yeux baissés. « Plus tard, tu pourras utiliser tes compétences dans le domaine qui te plaît le plus. Tu es très bonne en anglais. Pourquoi alors n’essaies-tu pas ? C’est la langue internationale, je suis sûr que ça sera être utile plus tard. Peu importe que ton résultat en éducation physique soit seulement de 1… »

J’ai arrêté de pleurer. Maman m’a aidé à réaliser qu’il y avait encore de l’espoir.

Je suis devenue de plus en plus pleurnicheuse. Et mon corps ne bouge pas comme je veux. Est-ce que ça vaut le coup de me mettre en colère parce que je suis trop fainéante pour faire mes devoirs, que je pourrais finir si j’y passais cinq heures par jour ? Non.

J’ai l’impression quelque chose ne va plus à l’intérieur de moi.

J’ai peur !

J’ai l’impression d’avoir le cœur serré.

Je veux faire plus de sport.

Je veux courir de toutes mes forces.

Je veux étudier.

Je veux tout noter soigneusement.

Je pense que la toccata de Paul Mariat est vraiment bien. J’en suis tombé amoureuse. Quand je la joue en même temps que je mange, la nourriture est si bonne, c’est comme un rêve.

Maintenant, à propos d’Ako, une de mes sœurs. Jusqu’à maintenant j’ai seulement remarqué son côté désagréable. Mais à présent je peux voir qu’en réalité elle est très sympa. Pourquoi je pense ça ? Et bien je suis très lente quand nous allons à l’école le matin, mais elle reste toujours à côté de moi. Mon frère marche normalement et me laisse derrière. Mais quand on traverse la passerelle, Ako prend mon sac et dit, «Aya, tu ferais mieux de tenir la rampe quand tu montes.»

L’esprit des vacances d’été commence à disparaître. Tandis que je montais à l’étage après avoir débarrassé la table, maman me dit, « Aya, peux-tu venir et t’asseoir un moment ? » Elle avait l’air très sérieuse. Je devenais un peu tendu, me demandant ce qu’elle avait à me reprocher.

« Aya » dit elle, « tu as l’air de marcher avec le haut de ton corps penché en avant et tu te balances de droite à gauche. L’as-tu remarqué ? Je me suis aperçu que tu faisais ça depuis un petit moment, et ça commence à m’inquiéter. On devrait aller à l’hôpital pour un check up tu ne penses pas ? »

« …Quel hôpital ? » ai-je demandé après un long silence.

« J’en trouverai un qui pourra te faire un examen approfondi. Je m’en occupe.

D’accord ? »

Mes larmes coulaient sans s’arrêter. Je voulais vraiment lui dire, « Merci maman. Je suis désolé de te causer tant de soucis. » Mais les mots ne sortaient pas.

Depuis que maman a suggéré d’aller à l’hôpital, je me demande s’il y a vraiment quelque chose qui ne va pas avec moi.

Est-ce parce que mes réflexes sont si mauvais ?

Est-ce parce que je me couche tard ?

Est-ce parce que je mange n’importe quand ?

 Je ne pouvais m’empêcher de pleurer en me posant ces questions. J’ai pleuré, si bien que mes yeux me faisaient mal.